jeudi 1 mars 2012

Parents le jour... parents la nuit... parents toujours !



Thomas vient d’avoir 18 ans… au mois de mai… ça fait maintenant 3 ans qu’il vit seul, il est parti apprendre son métier. Il nous l’a réclamé et réclamé cette indépendance !!!!! Mais seul à 15 ans… ce n’est finalement  pas du tout ce qu’il imaginait… Seul, c’est SEUL !!!!!
Ses copains du lycée avaient des horaires de lycées, des congés, des jours fériés…Thom, lui avait son dimanche et son lundi, commençant à 8h30, pour finir à 19h, 1 semaine de congé l’hiver, et 4 semaines l’été. POINT BARRE !
Donc… PAS DE VIE SOCIAL !

C’est donc au mois de mai… quelques jours après ses 18 printemps sonnés, le permis en poche, et le salaire qui commence à pouvoir faire avancer les choses… qu’il commence à sortir… un peu beaucoup, passionnément…

En temps que Maman, j'étais ravie qu’il ait échappé à toutes les merdes illégales d’aujourd’hui (enfin, je ne suis pas stupide non plus… il a bien dû essayé… même si la surveillance de son compte en banque nous confirmait qu’il n’y avait jamais de gros retraits en espèce, il y a toujours un « bon copain » pour lui filer de quoi goûter !!!), mais bon, il semblerait que cet envie d’interdit ne l’ai pas suivi bien longtemps.

Par contre… l’alcool, semblait lui convenir en soirée… Surtout pour une chose… perte de la timidité, le fun totale !

Plusieurs petites choses m’avaient alerté… qu’il mette lui-même une machine de linge en route un dimanche matin… qu’il me dise j’ai pas faim un dimanche midi (alors que merde tous les dimanches midi, je préparais un petit plat digne de ce nom…), qu’il s’endorme devant le film du dimanche soir… qu’il se jette sur la boîte de doliprane le dimanche midi…




Après avoir fait part de mes craintes à son Père, ce dernier lui a fait une grande, grosse, et longue leçon de morale sur les dangers de l’alcool…
Nous avions toujours été des parents qui parlions beaucoup, l’alcool n’est pas interdite et répugnante. Dès ses 16 ans, nous lui faisions goûter des grands crus, expliquions les vins, les terroirs, les régions, les secs, les doux, les blancs, les rouges… les plats que l'on sert avec les vins… bref, nous avions même pensé à tenter de l’éduquer au plaisir de la table…
Ce soir du mois de juin, ses anciens potes de lycée fêtaient dignement leur bac, et avaient invité Thom à venir rejoindre tous ces jeunes bacheliers pour une soirée mémorable… mémorable oui… mais pour qui ??????

Ce serait la 1ère fois que Thomaq reverrait tous ses anciens amis de collège… Intuition féminine ou pas… Je l’ai pas trop senti la soirée… Re-appel au secours à Monsieur Papa, qui chope le marmot entre 4 yeux, et qui ré-explique tout depuis le début sur les dangers de…. « oui, je sais, tu m’fais pas confiance… t’inquiète ! »…

C’est pourtant ce qu’on a fait dès son départ… s’inquiéter… enfin moi… Son Papa, était très fier de ce grand moment de discussions avec son Thom de fils… Il m’a même dit… JE CROIS QU’IL A BIEN COMPRIS… Je crois… oui, moi aussi… je crois…


Dans notre logique malgré tout (on a eu son âge, si, si… on dirait pas hein ?), nous lui avions demandé de ne pas rentrer le soir même, et de dormir sur place… sur place oui… mais sur quelle place ???


Le 1er appel (de la part de son copain Maxime), c’est Charline qui l’a eu vers minuit.
-          Allo, Charline ?... Thomas n’arrête pas de boire, je ne sais plus quoi faire…
-          Surveille-le !

Puis vers 1h du mat…
-          Allo, Charline ?... Thomas a vomi partout, je l’ai allongé dans un coin, il est très mal… Il  n’arrête pas de vomir, je l’ai mis en position PLS pour l’empêcher de s’étouffer, mais il bouge beaucoup, ça va mal finir…
-          Ben… Reste à côté de lui et tiens lui la main ! (Charline était un peu en froid avec Maxime !!).

Puis vers 2h du matin…
-         Allo, Charline ?... Je l’ai ramené chez moi, je l’ai caché dans le garage, mais ça fait 15 minutes que je n’arrive plus à le réveiller… Je fais quoi ?????????
-          Ben tu réveilles tes parents !!!!!!!!!!!!!!!

2 h 05
Les parents :  - Allo, Charline ?... Bonjour, nous sommes les parents de Maxime, peux tu nous passer tes parents ?
Charline :          - OUI
Charline  (déboulant dans notre chambre... parce que nous... ON DORT ! Enfin... on dormait !
                       – Pa, c’est les parents de Maxime, il y a un problème avec Thomas…
Papa                - Bonsoir que ce passe-t-il ?
Les parents     - Nous avons trouvé votre fils allongé dans notre garage, il est ivre mort…
Papa                - quoi ? ivre mort ?
Moi                 - Mais qui est mort ? c’est qui ?
Papa                - Maxime
Moi                 - Quoi Maxime est mort ?
Papa                - Non  c'estThomas
Moi                  - QUOI THOMAS est mort ??? (Hystérie maternelle….)
Mathilde          - (qui venait d’entrer dans notre chambre réveillé par les hurlements a juste entendu ma dernière phrase… Son visage est devenu blanc, sa bouche s’est arrondie… le hurlement est sortie….) Thomas EST MORT ????
Papa                - Mais non…. IVRE MORT… Mais Purée taisez vous j’entends rien !!!!
Moi                 - Mets le haut parleur
Papa                - TAIS TOI !
Mathilde         - Il est où Alex ? il va bien ?
Charline           - oui, il va bien, mais il a trop bu
Mathilde          - pleure, pleure, pleure, pleure…… l’horreur pour un bout de chou de 12 ans raide dingue de son frérot !
Les parents     - pouvez-vous venir très vite, nous pensons qu’il tombe en coma éthylique…
Papa               - on arrive.


Je sais aujourd’hui ce que veut dire « sauter dans son slip » !!!!

15 minutes plus tard, nous sommes chez les parents….
GRAND MOMENT DE SOLITUDE !

Les parents de Maxime, nous les connaissons très bien, nous avons passé de très très bonnes soirées ensemble. Ce sont des gens adorables, mais ils sont effarés de voir notre Thom, meilleur ami de leur fils dans cet état… Ils ont installé mon Thomas sur un matelas dans la salle à manger… l’ont couvert avec un duvet, et tiennent la bassine dans lequel mon Thomas continu à renvoyer ce : TROP PLEIN DE VIE SOCIAL !! p'tit con !

Moi… j’assure trop : top du top… je pleure…

Maxime entre 2 vidages de bassines, est allé sur internet pour se renseigner sur les comas éthylique… ils nous donnent pas mal de renseignements…

Nous essayons de parler à Thomas... enfin parler… une claque, 2 claques, non pas 3 vu l’état, ça deviendrait du défoulement !!!

La décision est prise rapidement… LES URGENCES…
Nous ne sommes pas trop de 5 pour le charger à l’arrière de la voiture (avec seau à vomi, et duvet, faudrait quand même pas tacher les sièges !!!!)…

L’au revoir se fait sans bises… juste tous nos regards bien malheureux… et un « écrivez nous ! »… non je plaisante… juste un « surtout donnez nous des nouvelles »… Ils sont aussi mal que nous… sauf que c’est à NOUS que ça arrive !

Bon… on démarre… pendant les 35 kms de voyage… Nous entendons pour notre plus grand bonheur notre Thomas qui commence à ronfler à l’arrière (et il paraît que c’est le début du « décuvage » !!!! traduire évacuation de l’alcool…).
Que fait-on ?


1)      On le ramène chez nous, et demain matin, il se réveillera « mort de rire » le roi du monde, « wouah la tôle que j’ai pris »…
2)      On l’emmène quand même aux urgences, et on le laisse se réveiller là bas !!!! (regarde les yeux des gens, et...  assure à ton tour mon grand » !

Unanimité pour la solution n° 2 !



J’appelle vite fait les filles pour les rassurer. Mathilde est dans le lit de Charline, elle ne pleure plus… Mais elle est très mal… Charline aussi d’ailleurs…



LES URGENCES :
Pour l’avoir vécu de nombreuses fois avec mes 3 minots… les urgences à 4 heures du mat… (enfin, même à 22 heures) sont accueillantes habituellement… Enfin, avant de leur avoir expliqué le problème !!!!!! 2 mots à ne pas prononcer : ENFANT – IVRE.

Là, nous sommes passés du statut de parents, au statut de bêtes ! Ce regard… et ces paroles : prenez un fauteuil roulant dans le hall… (en gros débrouillez vous bandes d’ivrognes !!!!).
C’est ce qu’on a fait… enfin… Monsieur Papa… moi j’étais trop occupée à… PLEURER… (Qu’est-ce qu’on a comme réserve de larmes… c’est impensable… j’ai bien du perdre 10 litres de larmes !!!!)… Donc, ne pouvant pas soulever Thomas (même à 2), Monsieur Papa l’a attrapé par le ceinturon, et tel une marionnette, l’a assis dans le fauteuil roulant. Moi j’ai juste installé la anse du sceau autour du cou de mon fils afin qu’il puisse continuer à vomir sans continuer à tacher ce qui lui avait servi de chemise…


L’interne : (une femme…) plus dure certainement qu’un homme pour comprendre ce genre d’accident (enfin, souhaitant que ce ne sera qu’un accident… enfin, c’est faux, puisque sur le moment, mon esprit en « économie d’énergie » était surtout occupé à PLEURER ! )


Donc l’interne nous a rabaissé plus bas que terre… j’aurais aimé pouvoir lui prouver que nous étions de bons parents, lui sortir tous les certificats, les diplômes, les médailles, les coupes, les 1ers prix pour notre éducation parfaite… sauf, qu’à la maison, j’avais juste une tasse achetée chez Gifi par mes enfants pour me dire que
 j’étais « la meilleur maman du monde »… ouais… ça ne suffira pas à convaincre l’interne…

Les infirmières, elles, sont plus cools… ce sont elles qui ont arrêté mon flot de larmes… en me disant : 1ère cuite à 18 ans ???? ben de quoi vous vous plaignez ? Tous les week end on reçoit des jeunes qui on entre 12 et 16 ans !!!!!!!!!!!!!!! Ah… c’est possible ??????????? Là… je me suis sentie à nouveau digne du nom de mère… agir… agir… leur prouver que… mais pourquoi il faut toujours que je doive prouver quelque chose ????? PARCE QUE ! tu peux pas comprendre !

Donc… c’est en regardant mon Thomas en blouse blanche sur le brancard que j’ai réalisé ce qui pourrait lui faire comprendre ce que nous avions vécu…  et surtout, le voyant blanc comme un mort… ce à quoi il avait échappé… et de ma voix la plus sûre j’ai demandé à l’interne : « puis-je le prendre en photo ? » Elle, outrée « mais pourquoi ? » pensant réellement que ça m’amusait… ! Moi la voix très dure de la mère responsable… « Demain, il va se réveiller sans savoir à quoi il a échappé… là sur la photo… il a l’air mort… »… L’interne sourit « c’est une très bonne idée Madame… allez y je vous en pris, prenez le en photo »…  (ça y est… j’ai retrouvé mon statut… elle ne va pas alerter la DASS, je vais garder mon fils… YES !



Thomas, que les infirmières giflent encore à la volée…(mon dieu comme j’aurais aimé être infirmière à ce moment là !!!!!)… commence à voir le jour… enfin gris foncé encore… il ouvre les yeux… ses premiers mots en regardant les infirmières : « oh putain la honte »… Bon… ben on va rentrer nous ??? OPERATION REUSSIE ! Il a honte !

On rentre… il est… PPPPFFFFffffff 5h30… Les filles sont blotties l’une contre l’autre dans le lit de Charline… on parle, on parle, on parle… on ne les laisse pas avant que les terreurs de la nuit soient passées. Charline préfère garder Mathilde dans son lit pour ce qui reste de nuit…
Nous, on a surtout envie de retourner se coucher… bon OK, on n’a pas dormi… Mais demain matin, il faudra aller récupérer le grand couillon !

10h30… arrivée aux urgences… Thomas est assis dehors à la porte des urgences tel le clodo que nous avons amené la veille… chemise et pantalon tachés… mais… PIEDS NUS… !!!! très important… la veille, les infirmières nous ont demandé d’emmener ses chaussures… POURQUOI ? Moi, je n’ai pas posé de questions… (non, non, je ne pleurais plus pourtant…)… Donc quand nous avons croisé Thomas, les baskets que j’avais ramené pour le faire sortir, je ne lui ai pas données, non… je lui ai balancées dans le visage sans lui parler, sans le regarder…
Fâchée Maman !!!!
Monsieur Papa et moi sommes allés tout droit voir l’interne qui avait fini de le veiller jusqu’au petit matin… Et là… stupeur !
Que des éloges !!!!! ben voyons ! « il est vraiment très gentil votre fils », « il est très malheureux de ce qu’il lui est arrivé », « j’ai bien vu qu’il a reçu une bonne éducation, mais qu’il a dérapé », « il a vraiment peur de vous avoir déçu », « nous avons fait un test de substances illicites, mais il n’avait rien pris… tant mieux pour lui, car sinon, nous aurions du faire un signalement à la gendarmerie, et il aurait eu un casier », « ne soyez pas trop durs, c’est un accident », !!!!!!!!!!!!!!!
Ah !!!!  ET BIEN ON NE VA POURTANT PAS SE GÊNER A EN REMETRE UNE COUCHE !!!!!

On signe les papiers, on donne les cartes vitales, assurances et tout ce qui va bien… on signe la sortie… et on sort. Sauf… qu’on n’a plus notre clodo de Thomas sur le pas de la porte !

Oh purée !!!! (voilà pourquoi il ne faut pas leur laisser leurs chaussures !!!!).
On court à la voiture… petit mot sur le pare brise… « je suis mal, j’ai honte, laissez moi du temps, je ne peux pas parler pour l’instant… A ce soir. Thom ».
Ah tu as besoin de temps… et bien nous cette nuit, on avait besoin de sommeil mon grand !!!!!
Bon… où est-il ?
Monsieur Papa… toujours très lucide… « je sais où il est !!! ».
On monte en voiture, on fonce, on se dirige vers le hallage, et c’est à la barrière que l’on retrouve Thomas.
Peu de mots… Il nous demande du temps… nous n’en avons plus… On ouvre la portière… il monte.

Direction : la maison où il a passé la soirée, afin de récupérer sa voiture (il nous précise qu’il n’a pas le droit de conduire avant 17 h… t’inquiète… ta mère va la ramener ta voiture !!!)… ce qu’il n’a pas compris, c’est que monsieur papa, va l’obliger à aller s’excuser pour ce comportement (de cas social !), et demander s’il y a des dégâts à rembourser… !!!!
Arrivé là bas… il est mort de honte… et nous (minablement ravis !). Il nous dit : « vous voulez m’humilier ????? », on lui répond : « l’humiliation pour l’instant c’est nous qui l’avons subi, ça te donnera l’occasion de voir ce que l’on a pu vivre cette nuit ». ET TOC ! on n’est pas plus frais que lui, (et pas pour les mêmes raisons), mais l’adrénaline de la colère nous fais trouver vite, très vite les bons mots !!!!!!!!
Bon… les parents de la soirée sont ravis de notre geste… (ça y est on remonte en estime…), mais, ce n’est pas fini… cet aprèm, tu vas laver ton seau à vomi, ton duvet, et lundi soir tu vas rapporter le tout chez les parents de Maxime.
Thom n’y croit pas ! « Quoi ? Mais non, laissez moi du temps… je peux pas, j’suis trop mal »… TANT MIEUX ! Ah oui, on oubliait… tu vas téléphoner à la jeune personne qui t’a emmené chez Maxime pour lui demander si tu n’as pas fait de dégâts dans sa voiture, et auquel cas, lui proposer de payer les dégâts… Outré le gamin… « mais vous êtes malades… je la connais même pas ! » RAISON DE PLUS ! Elle t’a sûrement sauvé la vie, c’est un minimum !





Ce dimanche là… nous étions invité à mangé à 12h30. Nous avons laissé les minots à la maison. Thomas a passé une grande partie de la journée allongé sur le carrelage de la salle de bain (car c’est le seul endroit frais où il était bien), Charline a surveillé, et Mathilde nous a téléphoné toutes les heures pour nous dire qu’il était encore en vie !

Oui, il va bien… chose incroyable… il a appris à consommer RAISONNABLEMENT !

Mon grand-père me disait souvent : « il faut que jeunesse se passe »… mon pauvre Papé, à votre époque, vous rouliez en vélo, n’aviez pas d’argent, preniez des cuites au vin blanc et non au Whisky ou à la Vodka, et étiez au boulot le lendemain à 6 h !!!!! Oui, jeunesse se passera… Mais, passera par nous !

Célestine

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