lundi 26 mars 2018

Un avant goût de la vieillesse


Un avant goût de la vieillesse


3 ans… 3 ans que je souffrais de la hanche, et le verdict est tombé ce jour d’Octobre 2017, Arthrose ! et il faut opérer rapidement car dans moins d’un an, vous ne marcherez plus ! Merde ! Ben c’est que je vais avoir 50 ans en février 2018… et que j’aimerais bien les fêter…  Debout de préférence… boiteuse mais debout !






Et qu’on arrête de me parler d’usure ! Je ne suis absolument pas usé ! Ce sont des excroissances osseuses les mêmes que j’ai dans les cervicales, dans les mains… Mal foutu oui ! Usé NON !


Date fixé de l’intervention : 15 Mars 2018.

Date fixé pour mes 50 ans : 10 Mars 2018. (il me faudra bien 4 jours pour récupérer, évacuer, sevrer…) ouais… 4 jours… on est large !








 
Jeudi matin 15 mars 7h00. Ultime douche à la Bétadine… hum… ce parfum qui rappel  les, les, Les Chiottes oui !  

Et hop, me voici emmailloté : blouse jetable, slip jetable, chaussons jetable… Look jetable quoi !

Et j’attends. 

 
 

Déjà 1h30 de retard pour partir au bloc. C’est sur le trajet du bloc que j’apprends qu’ils se sont trompés de patiente, et que j’aurais dû passer plus tôt… Pourvu que l’on soit tous opéré de la même chose !



Bloc Anesthésie…  Pour une fois on ne me fait pas compter jusqu'à 2 (ben ouiais, j’ai jamais réussi à allez plus loin…), on me demande de penser à quelque chose de plaisant… c’est donc avec l’image de la dernière écho du futur bébé de Charline que je m’endors (plutôt plaisant !!!)…



 Le réveil… enfin… les réveils… ben oui, je ne fais que des percés de réveil… et vu la tronçonneuse qui me ravage la hanche à chaque fois, je me laisse très vite re-sombrer, inutile de repenser à ce que j'ai dans la jambe...

 
J’ai oublié de vous dire que depuis la mise en route de cette future opération, je ne fais que répéter à chacun :
 JE SUIS ALLERGIQUE AUX OPIACES !


J’en ai parlé au chirurgien, à l’anesthésiste, aux infirmières, au personnel du bloc anesthésie… J’en ai parlé !!!! et c’est noté dans mon dossier PAS D’OPIACES !



Retour dans ma chambre… il est 16h. Comment dire… 1er malaise… Je me sens abominablement mal… je transpire comme une baleine, le palpitant s’affole, je n’arrive pas à ouvrir les yeux, je tremble, j’ai envie de vomir, je me sens TRES mal. Branle bas de combat des infirmières : tension, température et conclusion… non, non, ça va, c’est les morphiniques. 

Bon… ben si ça va. 
 
Je réussi à avoir de l’eau… j’en réclame depuis 4 heures… je bois tout doucement, car je vois bien qu’ils ne vont pas m’en rapporter avant un sacré bout de temps… !



« Qu’est-ce qu’elle boit » dit une infirmière à une autre… Ben Merde ! pour une fois que c’est de l’eau !!!! 



Juste le temps d’envoyer un petit texto aux loulous pour leur dire que tout va… Bien je ne sais pas, mais tout va !

Olive est de retour. A cet instant précisément précis… ça peut allez… l’instant suivant un peu moins bien... Genre Serpillère !!

En 30 mn, la tension monte de 2 points. Ça ne prévoit rien de bon, mais d’après l’infirmière, c’est normal, c’est les morphiniques !


18h on m’oblige à manger… Je m’exécute non sans grogner, et c’est le ventre rempli à ras bord qu’à la 3ème cuillère de compote les premiers symptômes arrivent…
Je sens le malaise arriver… je préviens… les bras me picotent, la sueur dégouline… je re-previens… pour l’infirmière, pas de soucis, c’est toujours comme ça pour les morphiniques !

18h30, ils me lèvent… le chirurgien doit passer pour donner son accord de départ vers 19h, il faut donc que je MARCHE !

 


Enfiler un slip, un pantalon et des chaussures est un véritable calvaire… et là Hop ! Debout Célestine !






Et le sketch commence… « Regardez droit devant vous ! » (faudrait déjà que j’arrive à garder les yeux ouverts plus de 10 secondes)…  « Faites un effort ! », « Positivez ! », « vous avez peur d’avoir mal ! », « vous faites n’importe quoi ! »… Ah non, mais les filles faut pas allez bosser en gériatrie hein… vous allez tripler le taux de suicide chez les pt’its vieux !


 
Mon Olive de mari m’a déjà vu dans cet état après une opération… Celle de mes yeux… le jour ou j’ai fait une allergie aux Opiacés… Il en parle… on lui répond que non, ce n’est pas ça, c’est les conséquences de la morphine, et surtout un refus de ma part de faire un effort, ah, pénible les morphiniques !


Je suis en plein malaise… normalement dans 5 secondes je tombe dans les pommes… Les jambes lâchent… les infirmières réussissent tant bien que mal à m’assoir dans un fauteuil avant le drame… et repartent de la chambre en grognant et en appuyant sur mon incompétence à bien vouloir faire ce que tout le monde fait 5 heures après avoir eu le fémur scié et rafistolé… MARCHER !


19h00 le chirurgien arrive, les infirmières sont colère colère… Compte rendu : elle ne veut pas marcher !
ELLE A PEUR D'AVOIR MAL !!!!





Je suis debout… incapable de bouger, et je me sens mal, mais mal ! 
Le Chirurgien n’insiste pas et s’en va. Entre 2, ils ont vu dans mon dossier qu’en plus de la morphine, ils m’ont administrés des opiacés… 

Ah ! ba ! Depuis le temps qu’on vous le dit !!!!!!! 

 

On me relève 10 mn après pour vider ma vessie… La distance entre mon lit et les toilettes ressemble à la route 66 ! Arrivé devant la porte des toilettes gros dilemme… faire pipi ou vomir il va falloir choisir…


 Et là… le choix s’impose à moi… c’est le drame… Je vais vomir… je vais vomir… Oups… j’ai vomi… un peu partout d’ailleurs… (Dans un dernier instant de lucidité j’ai voulu viser la cuvette des toilettes… le fait est qu’il y en a eu un peu dedans (en même temps j’ai jamais mis beaucoup de paniers au basket…). 
Hurlement primaire des infirmières ! "mais vous faites n'importe quoi !"
 2ème jet je vise donc le lavabo, les infirmières redoublent de cris "c’est pire, falait mieux vomir dans les toilettes !"
 3ème jet dans et autour des toilettes copie conforme au 1er ! Là, le silence... celui qui met bien mal à l'aise... Celui qui empêche de dire des mots que l'on va regretter... The Silence !

 Violent les "romi" !… un peu comme si j’avais vomi un alièn… enfin c’est ce à quoi j’ai pensé… un truc super pressé de sortir sans attendre que je puisse viser un réceptacle adapté à une telle puissance… Une puissance de Karcher… sauf que Karcher c’est fait pour nettoyer… là… ben… voilà quoi !

Mais purée, de purée de purée de pois… qu’est ce que ça fait du bien ! La vache !
Pas contentes, contentes du tout les infirmières… 

Et qui c’est qui va nettoyer tout ça ??? 
C’est Marie Thérèse !

 Allez hop re-au lit… 



Et là je sombre dans un sommeil profond pendant au moins 20 minutes.

Quand je me réveille, l’anesthésiste est là, les infirmières (assez mal à l’aise d’ailleurs), le chirurgien… et ils m’annoncent que l’on me garde pour la nuit vu mon état. Ils admettent que j’ai eu des opiacés, et préfèrent me garder en surveillance.

Sauf que Moi… Mme Conasse… Je vais très bien ! Je me sens super bien !!! J’ai évacué ma surdose de drogue… finish, capout, terminé la crise de drogue ! Je veux me barrer au plus vite !!! 

Ils sont un peu déroutés quand je leur dit que je vais bien… 

Faites moi marcher vous verrez.
Ce qu’ils font… et là, tel  Jésus marchand sur les eaux du Danube, je traverse ma chambre à la vitesse lumière (enfin, petite veilleuse quand même hein !).


Ils reprennent ma tension… elle est redevenu normale… Ils admettent… oui, ils admettent que l’opiacé est COUPABLE !  et moi jugée NON COUPABLE !


Je suis libérée ! Délivrée ! Ce soir je rentre chez moi ! Je vais retrouver mes chats que je n’ai pas vus depuis… ce matin… Oh la fête qu'ils vont me faire devant leurs gamelles vides... Ce regard si doux... si enjoué...


21h30 ! Allez hop… Olive court chercher le fauteuil roulant et hop à la voiture…  (et comme l’a dit un jour notre cher Johnny sur la ligne d’arrivé du Paris Dakar « quand tu penses que si on aurait parti une heure plus tôt, on serait arrivé depuis une heure ! »)… Et ben pareil pour moi mon gars Johnny, si j’avais été opérée à 9h30 comme prévu… Je serais déjà chez moi !  

 Dois-je préciser qu’à l’air libre, j’ai recommencé à transpirer, et à sentir le malaise monter ? Mais chut… dans 30 mn je serais dans mon lit, j’aurai tout loisir de refaire un malaise… et comme j’ai plus rien à vomir… 

 
De plus, j’ai une infirmière super sympa (on fait des séances de ronron-thérapie).

Allez une bonne nuit de sommeil… Nuit oui, bonne non, sommeil alternatif, comme le courant !


Levé dans la nuit en catastrophe (enfin surtout pour Olive, car il n’est que 2h30 et que lui… il dort !)… Je ne sais pas ce qu’ils ont vraiment boutiqué… J’ai un mal fou à bloquer mon envie pressante…  N’ayant jamais eu d’avis bien arrêté sur le pour ou le contre du couvercle de toilette ouvert ou fermé, je fus bien heureuse de le trouver ouvert, ce qui évita une nouvelle catastrophe !!! (Maintenant j’ai un avis : le couvercle doit rester OUVERT) !


C’est pendant ce TRES LONG trajet jusqu’aux toilettes (au moins 6 mètres) que je me rends compte que ma jambe opéré est plus longue que l’autre… confirmé par le double décimètre et par Olive… 2 cm !

Mathilde voulant m’éviter des larmes me dit « Et bien voilà, tu passes du statut Boiteuse au statut Bancale »… et bien voilà ! 

Un carré de chocolat de 2 cm c’est minuscule. Un écart de jambe de 2 cm c’est ENORME ! Bon, il parait que ça se résorbe un peu… on verra… avec une petite talonnette…

 ON VERRA  J’AI DIT ! Déjà que je ne mets plus de talons aiguilles, ça va être chouettes des chaussures fermés avec talonnettes… Sexy à Mort !

Il aura fallu quand même 3 jours pour que les douleurs façon décharge électrique ne cessent. Aujourd’hui J+10 ça va. Je béquille encore bien sûr.


 
J’ai commencé les ballades extérieures avec mon infirmière Isis.


Et depuis 2 jours, j’ai carrément 2 coachs sportif. 

 



J’ai hâte de pouvoir être un peu plus autonome… 












 
Voilà c’est tout pour l’instant. Un souhait : pourvu que la 2ème hanche, que les genoux, que ouais… pourvu que tout le reste tienne le coup ! 

JE N’AI QUE 50 ANS quand même !!!!
 




                                           Célestine Mars 2018